En Hommage à Adrian Brine
Télécharger l’article de Jean-Marie Wynants paru sur le site du journal Le Soir le 27-11-2022
Présentation du spectacle
Tout commence comme cela…
« Mon ami Serge a acheté un tableau. C’est une toile d’environ un mètre soixante sur un mètre vingt, peinte en blanc. Le fond est blanc et si on cligne des yeux, on peut apercevoir de fins liserés blancs transversaux. Mon ami Serge est un ami depuis longtemps. C’est un garçon qui a bien réussi, il est médecin dermatologue et il aime l’art. Lundi, je suis allé voir le tableau que Serge avait acquis samedi mais qu’il convoitait depuis plusieurs mois. Un tableau blanc, avec des liserés blancs ».
Serge est un esthète amoureux d’art moderne et qui trouve Sénèque modernissime. Marc est le gardien des valeurs traditionnelles, celui à qui on ne la fait pas et qui ne se laisse pas embrouiller par la mode, enfin Yvan a échoué dans vie professionnelle et affective et semble n’avoir que ces deux amis de précieux.
Ce trio va s’entre déchirer autour de ce tableau blanc en invoquant tous les arguments qui tournent autour de l’Art moderne.
15 ans après, retrouvez sur scène ce trio mémorable Bernard Cogniaux, Pierre Dherte et Alain Leempoel dans cette pièce de Yasmina Reza, considérée aujourd’hui comme un véritable classique du genre, avec une nouvelle mise en scène en hommage à Adrian Brine, leur mentor !
Retrouvailles entre amis autour d’un tableau…
Genre : Comédie, Théâtre
Auteur : d’après l’œuvre de Yasmina Reza, représentée par Thaleia Productions Paris
Distribution : Bernard Cogniaux, Pierre Dherte, Alain Leempoel
Nouvelle mise en scène : Alain Leempoel assisté de Isabelle Paternotte
Scénographie : Vincent Lemaire
Lumière : Laurent Kaye
Photos : Gaël Maleux
Production : Panache Diffusion et le Théâtre Le Public
Durée : 80
Partenaires
DOSSIER DE PRESSE
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Saisons
2023-2024
Spectacle disponible en tournée du 15 Novembre au 16 Décembre 2023
Dates et tarifs sur demande
16 & 17.08.23 Royal Festival de Spa
15>26.11.23 Théâtre Le Public
13.12.23 Central, Centre Culturel de la Louvière
14.12.23 Centre Culturel de Nivelles
15.12.23 Centre Culturel de Tubize
2022-2023
Spectacle disponible en tournée du 15 Novembre au 31 décembre 2022
Dates et tarifs sur demande
01.09 > 15.10.22 : nouvelle création au Théâtre Le Public (Bruxelles)
17.11.22 Centre culturel d’Eghezée
18 et 19.11.22 La Sucrerie (Wavre)
24.11.22 Maison de la Culture d’Arlon
29.11.22 Théâtre Royal de Namur
07.12.22 Centre culturel de Ciney
15.12.22 Théâtre Royal de Mons
16.12.22 Maison Culturelle d’Ath
19*, 20, 21, 22, 28.12.22 et 31.12.22 à 19h30 Wolubilis (Bruxelles)
*soirée caritative au profit de l’Institut Bordet
2009-2010
Tournée en Belgique
2008-2009
Théâtre du Vaudeville (Bruxelles)
14 novembre 2008 au 3 janvier 2009 puis du 16 au 27 janvier 2009
2000-2001
1999-2000
Créé à Bruxelles en août 1998 – 148 représentations avant la reprise en 2022.
En savoir plus
Lu dans la presse
« … Leempoel dépoussière la mise en scène pour cette reprise qui devrait réactiver l’intérêt pour ce classique. »
Moustique Eric Russon – 04.09.22
« “Serge, tu n’as pas acheté ce tableau 200 000 euros ! ?” : quand l’art contemporain divise…
Même trio de comédiens mais nouvelle mise en scène pour l’excellent “Art” de Yasmina Reza. C’est fin, aiguisé, caustique, terriblement ironique et drôle : dans Art, chaque joute verbale est irrésistible tant Reza cible à merveille, sans surplus, l’enjeu qui anime chacun de ces trois mâles dans ce combat de coqs. »
La Libre Belgique Stéphanie Bocart – 03.09.22
« … L’affrontement commence lorsque Serge (Pierre Dherte) présente avec fierté sa nouvelle acquisition à son ami Marc (Alain Leempoel). Au centre, le malheureux Yvan (Bernard Cogniaux) s’interpose, compte les points et ramasse les coups… Jubilatoire. »
RTBF François Caudron – 01.09.22
« Cette pièce est un chef – d’œuvre »
Zone 02 (déc. 2008)
« … Nos acteurs belges apportent une vision plus acide et moins amère, tout aussi drôle et déchirée que la création première du nom. Du grand art, à nouveau »
Le Soir (1998)
Lire les commentaires
Hommage à Adrian Brine
Vingt-cinq ans après sa création belge, les trois compères ont souhaité reprendre le fil de l’histoire : de l’art, des personnages et surtout rendre hommage à un de leur metteur en scène référence et l’un des plus raffiné avec qui il leur a été donné de travailler.
Pour la nouvelle mise en scène que j’assumerai, je repartirai d’une page blanche comme le tableau parce que le conflit part de là, de rien, sauf que l’ego de l’humain intervient et fausse tout.
La mise en scène se voudra d’un esthétisme résolument actuel malgré l’écriture de 1994, je souhaite aussi repositionner le regard sur l’art contemporain tout en gardant à l’esprit : comment Adrian Brine aborderait cette œuvre aujourd’hui ?
La scénographie se voudra aussi fidèle aux évolutions de l’art contemporain, ou comment rester en phase avec son temps. La joute verbale du dominant/dominé ou plutôt du « n’est pas dominant qui croit » sera au cœur de mes préoccupations des rapports humains entre ces trois caractères, car l’amitié « non virtuelle » est aujourd’hui une valeur que je veux sublimer et qui n’est pas surannée.
« L’œuvre vit du regard qu’on lui porte » Pierre Soulages
Nous avons tous les trois mûri et l’équilibre des enjeux a changé, le temps a passé et le texte est resté.
A la création, nous avions 35 ans… 60 aujourd’hui, le poids des mots de ces trois hommes, se déchirants autour d’une œuvre discutable pour l’un, indiscutable pour l’autre, et sans prise de position pour le troisième, aura une valeur, une profondeur et une finalité tellement différente.
L’avancée dans la vie leur aura apporté une forme de sagesse, du recul à leurs propos mais pourrait mettre un terme définitif à leur amitié.
La scénographie de Vincent Lemaire
Elle s’appuiera sur deux éléments clefs :
1. Le noir et le blanc
Esthétiquement, le noir et le blanc, a contrario des productions précédentes, seront l’univers visuel privilégié. Si l’environnement scénique sera limité par le noir, les acteurs se déplaceront dans un environnement immaculé rappelant un musée ou une œuvre selon l’imaginaire du public. Les costumes, eux aussi, appuieront ce dégradé du noir vers le blanc.
Le fameux tableau blanc, apparaitra de temps à autre, suspendu, tel un motif de Calder, pour parfaire l’harmonie générale et exacerber les humeurs.
2. La froideur de la matière et la chaleur humaine
Si le « cadre » du décor nous incitera à la contemplation, la scénographie nous renverra à nous, humains, faits de paradoxe, d’égo et d’altruisme. Histoire que le temps d’une pièce, nous puissions nous interroger sur notre regard face à une suggestion intellectuelle ou face à un terrorisme culturel.
Alain Leempoel – Avril 2022
Propos recueillis en 2008 lors de la (première) reprise du spectacle
Bernard Cogniaux (rôle de Yvan)
« Pour ce qui est du rôle d’Yvan…
A mon avis, il n’a encore trouvé sa place ni sentimentalement, ni professionnellement, ni socialement. Il a vieilli mais il n’a pas la maturité de son âge. Il est insupportable et adorable à la foi. On peut le plaindre ou dire qu’il n’a que ce qu’il mérite. Mais il est, au même titre que les deux autres, un des pieds indispensables au tabouret sur lequel repose cette amitié.
En amitié comme en amour, on doit faire des mises au point parce que les individus changent et la relation évolue. Yvan souhaite ne pas changer, il voudrait que rien ne change jamais et surtout pas leur amitié. Malheureusement pour lui le monde est en mouvement.
Yvan c’est aussi le plus beau rôle de la pièce mais chuuut… Il ne faut pas le dire aux autres… « Art » c’est un cadeau pour les comédiens, c’est une pièce qui n’a pas pris une ride… à l’inverse de nous… »
Êtes-vous jamais retourné en vacances à un endroit que vous avez adoré ?
Reprendre « Art », c’est un peu ça. On se réjouit mais on craint aussi d’être déçu. Pour « Art », je suis rassuré sur un point : le paysage est parfaitement préservé toujours magnifique.
Reprendre « Art » dix ans plus tard ?
Une idée géniale ! Une expérience rare pour un comédien : commencer des répétitions en ayant déjà 108 représentations derrière soi !
Parce que les choses sont claires : on va faire un nouveau spectacle ! »
Pierre Dherte (rôle de Serge)
« Serge, Marc et Yvan sont amis depuis longtemps. Serge est un garçon qui a bien réussi, il est dermatologue et il aime l’Art. Il vient d’acquérir un tableau qu’il convoitait depuis plusieurs mois. Un tableau blanc, avec des liserés blancs. Serge pense que ce tableau n’est pas blanc. Il y voit même du rouge. Pour lui, ce tableau est représentatif de la vie en général ou rien n’est jamais tout à fait blanc non plus. Il est persuadé qu’il existe toute une nuance dans le blanc et que la vérité – ou simplement la beauté – se situe souvent en dehors des extrémités. Serge sait qu’il est primordial de rester « un homme de son temps ». La limite, l’écart, le grincement ou simplement « le jeu » entre les trois personnages sera poussé à l’extrême et éclatera jusqu’à éclabousser l’œuvre immaculée par un soupçon d’encre noire. Indélébile ?
Dix ans plus tard, ce qui m’a donné envie de reprendre ce rôle ?
Le texte est très bien écrit. « Art » est un petit bijou. Sans tomber dans le panneau des stéréotypes et des clichés masculins, Yasmina Reza permet enfin à des hommes de s’exprimer sur ce qui les relie : l’amour, l’amitié, la fidélité. Sur ce qui les sépare aussi : l’Art, la pensée, la perception d’autrui. Ces sujets sont abordés typiquement « au masculin », de manière complètement anti-machiste.
Le fait que notre première expérience avec Adrian, Alain et Bernard ait été un vrai bonheur contribue certainement au désir de vouloir tenter de le renouveler. Le fait également que j’ai l’impression que je pourrai aller plus « loin » aujourd’hui qu’il y a dix ans avec le personnage de Serge. Je perçois une certaine excitation à redire les mêmes mots tout en y ajoutant des « couches de sens » complémentaires – voire contraires – dues au temps qui a passé.
Ce qui a changé…
Avec l’âge, on est sans doute plus « péniblement » comiques. On se bat différemment, avec d’autres armes. On est plus épurés aussi. Un acteur est toujours en quête de vérité et souhaite s’en approcher au plus près sans se trahir. Être acteur, c’est être schizophrène : il y a une espèce de quête effrénée d’honnêteté dans le mensonge. Je suis persuadé que nos trois personnages seront plus vrais et plus profonds qu’il y a dix ans. »
Alain Leempoel (rôle de Marc)
« Marc est un adepte de l’établi, de l’ordre des choses, tout changement peut provoquer en lui un stress, voire une inquiétude sur sa personne. Il aime qu’on voie comme lui ou par lui. Il a une tendance à se croire ou se sentir supérieur, ce qui, pour lui, représente un bon équilibre, et tout cas le rassure. C’est un adepte de l’humour cynique mais sur les autres uniquement, car il a très peu de recul sur lui-même. Cependant, ses critiques ne sont certainement pas dénuées de fondements. Grâce à sa réaction épidermique à la vue du tableau blanc, « Art » naît.
Dix ans après…
Ce n’est pas nécessairement le rôle que je voulais reprendre mais l’aventure commune de « Art » m’intéresse. Pas pour la réitérer comme à l’époque mais pour inventer, autour de la pièce et de la production, une nouvelle manière de jouer. Dix ans ont passés, on a davantage de recul et le goût du public a évolué.
Aujourd’hui, on ne présente plus une pièce à stars françaises, d’un auteur inconnu reprise par de jeunes belges, mais bien une pièce vedette, à succès mondial dont les gens ont un souvenir, plus ou moins précis. On ne promotionne plus « Art » de la même façon. Les acteurs de 45 ans (et plus) que nous sommes devenus mettrons plus de poids dans la mise à mal de leur amitié. Tout prendra un sens, y compris l’Art contemporain qui a également évolué… Et on va s’en amuser !
L’humour cruel de cette joute verbale sera certainement davantage mis en valeur, ne fut-ce qu’en raison des 100 représentations derrière nous… Et du fait que nous voulons faire mieux et que nous avons dix ans de plus… on le saura !! »