« Je suis la faute. Je ne peux me placer en dehors de ma faute. »
Seul face à ses juges, lâché par ses amis et ses pairs, accablé par les familles de quelque cent quarante enfants qu’on l’accuse d’avoir violés, assassinés, dépecés, Gilles de Rais, seigneur de Champtocé et Pouzauges, Maréchal de France, répond à ses Inquisiteurs.
Tour à tour méprisant, furieux, blessé, il se bat comme un diable contre ceux qui l’ont jugé et condamné d’avance.
Gilles, le compagnon de Jeanne d’Arc, trouve le sens de sa révolte contre les hommes et contre Dieu en assumant l’impardonnable.
Hugo Claus ressuscite la verve théâtrale du monstre, un barbe bleue campé par Olivier Massart. Ames sensibles, s’abstenir !
Créé à Bruxelles au Théâtre Le Public le 13 septembre 06. 66 représentations.
Genre : Drame, Théâtre
Auteur : Hugo Claus
Distribution : Olivier Massart
Production : Théâtre Le Public
Co-Production :
Mise en scène : Alexis Goslain
Scénographie : Philippe Doutrelepont, Olivier Massart
Photographe : Cassandre Sturbois
Direction technique : Maximilien Westerling
Conception décor sonore : Nicolas Vandooren
Adaptation théâtrale : Jean-Claude Carrière
Durée : 90
Saisons
2009-2010
En savoir plus
Lu dans la presse
Le Soir, 18 septembre 2006 – Jean-Marie Wynants
(…) « Olivier Massart incarne ce personnage énorme, terriblement humain et inimaginablement monstrueux. Acteur magnifique, il parvient à nous surprendre une fois encore avec ce rôle vertigineux » (…)
La Libre Belgique, le 3 octobre 2006 – Philip Tirard
« Olivier Massart habite le monstre de Tiffauges avec une puissance confondante »
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A l’heure où la fiction est rattrapée par la réalité, il est impératif à mon sens de peser avec prudence et extrême discernement une note qui se doit d’être impartiale sur un sujet aussi lourd que nous relate ici Hugo Claus.
Gilles de Rais, connu pour être le compagnon d’arme de Jeanne d’Arc, mais aussi un des premiers et des plus célèbres « serial killer » de l’histoire. Accusé, entre autres, d’hérésie, d’invocation au démon, Gilles de Rais compte surtout à son tableau de chasse, le meurtre de plus de 140 enfants.
La pièce de Hugo Claus nous dépeint ici le procès de ce monstre, nous faisant évoluer ainsi dans les méandres de son esprit malade et manipulateur pour échouer enfin sur une issue fatale et indéniablement morale.
Quand Olivier Massart m’a proposé de collaborer avec lui sur ce projet qui lui tenait à coeur depuis des années, j’ai accepté en me fixant des objectifs clairs et précis. Il m’était indispensable de fouiller, creuser, cerner au mieux ce personnage complexe dans son contexte historique avant de penser à une quelconque mise en scène qui, déjà, me titillait avec impatience les neurones. Après un long travail d’autopsie sur le texte, notre analyse nous a permis ainsi de faire couler une mise en place qui devenait logique et évidente face à la nature du personnage. Tout en respectant l’oeuvre de Claus, la construction du personnage campé par Olivier Massart s’est faite progressivement, avec minutie, sans tomber dans le grotesque ou l’exagération en s’insinuant comme un funambule sur un fil.
Ce véritable travail d’équipe se complète avec une lumière crue aux atouts réalistes et un habillage sonore plongeant ainsi le spectateur dans une spirale narrative dont on ne peut se décrocher.
La scénographie de Philippe Doutrelepont donne également une envergure supplémentaire dans la suite de ces six parties. Une cage rectangulaire aux barreaux rouillés sépare l’acteur des spectateurs représentant peut-être un animal en cage attirant la curiosité des regards fuyants. Sans oublier, la prestation d’Olivier Massart, acteur au talent certain, évident, et à la ténacité déconcertante dans un travail complexe et passionnant. Une rencontre professionnelle qui me force à me mettre à son diapason pour lui donner toute la liberté de jeu possible dans les traces du personnage que nous avons creusées ensemble.
Alexis Goslain – Juin 2006, metteur en scène