La Poupée Titanic

Créée en octobre 1999 au Théâtre de la Place des Martyrs à Bruxelles

La Poupée Titanic trouve son point de départ dans le visage d’une poupée de porcelaine découverte à 4000 mètres de fond dans l’épave.

Une mystérieuse petite fille hante le souvenir d’une vieille dame qui a survécu à la catastrophe.
Elle prétend ne se souvenir de rien.

Un jeune compositeur, fasciné par le naufrage, tente de percer le terrible secret qu’elle a enfoui au plus profond d’elle-même.
Il l’interroge subtilement ; elle résistera de toutes ses forces avant d’accepter finalement d’entrer dans le cercle infernal du souvenir qui réveillera la plaie mal cicatrisée, malgré le temps.

Peu à peu, retrouvant la mémoire, elle nous entraînera sur le bateau où tant de destins se sont croisés.


Genre : Comédie dramatique, Théâtre
Auteur : Thierry Debroux
Distribution : Jacqueline Bir, Marc Olinger, Hervé Sogne, Anouchka Vingtier
Co-Production : Théâtre des Capucins (Luxembourg) et Théâtre Royal du Parc (Bruxelles)
Mise en scène : Thierry Debroux
Accessoires : Décors et costumesCatherine Cosme
Durée : 100


Saisons

2012-2013


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Lu dans la presse

« La poupée Titanic » : Jacqueline Bir, si juste
Une pièce réussie au Théâtre du Parc. Jacqueline Bir parvient encore à nous étonner. Mais laisse les autres acteurs respirer et s’imposer aussi.

Epurée, La poupée Titanic remonte à la surface et cette pièce de 1996 n’a pas pris une ride (lire le Mad du 20 avril). C’est que Thierry Debroux sait trousser une histoire qui tient à la fois du thriller et du drame psychanalytique tout en la tramant de questions graves que chacun peut creuser à sa manière sur les traumatismes du passé et ses secrets occultés.
Et dans cette traversée de la mémoire qui blesse entre doutes et fantasmes, en parallèle avec l’acte créateur d’un musicien, Debroux injecte des pépites d’humour, des larmes de silence, alterne les morceaux de bravoure et laisse le temps et l’espace aux récits solitaires. Et si le style est brillant, il évite le piège du bon mot tiré à la ligne. Peut-être l’ultime scène est-elle un peu superflue dans une structure par ailleurs bien maîtrisée.
Auteur habile (et ici metteur en scène), Debroux sait comment faire vibrer un comédien. Une fois de plus, on est subjugué par la justesse de Jacqueline Bir, dans le rôle de la vieille dame rescapée amnésique du naufrage. Sans le moindre surjeu, elle oscille entre le présent, sa carapace altière, et les vagues du passé qui la rongent. Un de ces rôles de tragédie humaine qui lui colle à la peau. Aussi impressionnante soit-elle, la comédienne ne phagocyte pas ses partenaires et Marc Olinger en mari protecteur et qui, bien que physicien astronome, a les pieds sur terre, cultive lui aussi sa part de secrets.
En contrepoint, un couple jeune cherche à exister : la douce et subtile Anouchka Vingtier, compagne d’un compositeur tourmenté (Hervé Sogne). C’est lui qui par sa musique, par ses recherches, creuse la brèche dans la fragilité de la vieille dame. Et il ne sera pas épargné par les révélations en cascade.

Comme sur le vrai Titanic
Cette Poupée Titanic respire sur un plan monochrome, incliné de biais (évocateur de déséquilibre, celui du navire qui coule, de la pensée de la vieille dame…), mangé dans un angle par une énorme tête de poupée. A cette abstraction (Catherine Cosme), s’ajoute un film projeté sur la paroi du fond : une petite fille (Zoé Ergo) et sa poupée, presque immatérielles dans l’eau bleue, qui livre des bribes de l’histoire. Belle et troublante réalisation signée Eve Martin et Nicolas Bueno.
Indispensable, la musique de Pascal Charpentier est bien davantage qu’un décor sonore. Elle reprend l’effectif du quatuor à cordes (qui jouait sur le vrai Titanic), et acteur à part entière, elle s’insinue dans les replis de la mémoire, entêtante comme l’ombre du passé… et consolatrice tout à la fois

Le Soir – Michèle Friche, samedi 07 mai 2011

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Présentation du spectacle sur le site des Théâtres de la ville de Luxembourg (janvier 2011)

Thierry Debroux est un auteur et metteur en scène imprégné et concerné par certains faits ou paradigmes historiques, scientifiques ou sociaux auxquels il confère une touche fantastique. Il écrit alors des histoires pour projeter sur les scènes de théâtre des destins mêlés fictivement à ces réalités.
Accueilli lors de la saison 2008-2009 durant l’année Darwin, sa pièce éponyme Darwin avait aussi ce goût du savant mélange entre données réelles et projections imaginaires.
La poupée Titanic, pièce écrite quelques mois avant la sortie du film de James Cameron, s’inspire du naufrage du plus célèbre paquebot comme un prétexte à retraverser l’Atlantique Nord pour y croiser la portée symbolique d’un monde et d’une époque révolus au travers d’un destin, celui de Maggy. Maggy est une rescapée. Elle vit, elle aime, mais a une chance exceptionnelle: elle n’a aucun souvenir de cette nuit-là. Elle était bien à bord et pourtant elle a survécu. Aujourd’hui, une rencontre sème le trouble. Mémoire, déni, comment vivre si notre vécu est partiellement une énigme ? Événement tragique car accidentel comme le sont tous ceux qui annoncent les limites de l’homme. Comment et pourquoi ce géant d’acier, baptisé Le Titanic, a-t-il pu s’enfoncer en quelques heures dans les eaux glaciales et engloutir autant de vies, de souvenirs et de matières ? Et Thierry Debroux de s’aventurer sur les rives de cet épisode comme annonciateur de la dislocation du Vieux Monde. En 1912, sur un prestigieux et avant-gardiste pavillon de modernité, le luxe, le progrès et les classes sociales sont anesthésiés et désagrégés par cet infini spectacle de désolation.
Plus qu’un mythe, cette histoire marque l’émergence d’un nouveau siècle et d’un autre monde qui se prolongeraient en guerres avant de rejoindre les rives d’un nouveau millénaire, le nôtre. Catastrophes, accidents et guerres poursuivent nos mémoires collectives et nos destins particuliers…
Le texte est paru aux éditions Lansman. Ce spectacle sera joué au Théâtre Royal du Parc en avril et mai 2011.

Ecrite en 1996, la pièce fut créée en octobre 1999 au Théâtre de la Place des Martyrs à Bruxelles. Elle a obtenu :
le Prix du Meilleur Auteur en 2000,
le Prix de la SACD,
le Prix de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises
et le Prix de l’Union des Artistes.

Voici ce qu’écrivait Jacques Franck lors de la remise du prix de l’Union des Artistes en 1999 :
« Avec seulement cinq personnages, l’auteur a su ressusciter le célèbre drame qui vit périr dans les flots 1513 passagers et marins avec leurs peines, leurs souvenirs, leurs espoirs, leurs amours.
Avec le seul symbole d’une poupée, l’auteur a su nous attacher au destin d’une survivante qui a, pour la vie, le Titanic tatoué dans le cœur.
Avec les seuls moyens du théâtre, dont il est peu dire qu’ils ne sont pas ceux du cinéma, l’auteur a fait une œuvre qui nous parle, parce qu’il a su lui conférer densité et complexité, et lui insuffler une âme qui a nom poésie ».

Pourquoi cette reprise en 2011 ?
Parce que c’est le 99ème anniversaire de la catastrophe …
Etrange fascination qu’exerce le fameux paquebot sur notre inconscient, depuis cette nuit de 1912.
En cette veille du centenaire du naufrage, il semble remonter à la surface comme s’il y avait quelque chose d’urgent à dire à travers ce drame.